La dernière livraison du magazine « Books : l’actualité par les livres » nous offre 2 articles tout à fait passionnants qui pourraient intéresser nos étudiants en arts. Le premier, intitulé « les archives déchirées de Bacon », écrit par Richard Cork nous entraine dans une expédition archéologique d’un autre genre. En effet, il s’agit de partir à la recherche des traces d’inspiration dans l’atelier du peintre Francis Bacon. Des chercheurs ont essayé de retrouver les sources de sa création. Qu’ont-ils trouvé dans les couches d’illustrations éparpillées à même le sol ? L’auteur nous dresse la liste de ces trouvailles : des photographies d’Eadweard Muybridge, les hommes musclés de Rodin, les statues grecques antiques, l’art égyptien, les sculptures de la Renaissance italienne et, en particulier, Michel-Ange. Plus près de nous, des revues homosexuelles et surtout des photos de victimes des conflits passés et contemporains. Francis Bacon s’était porté volontaire pour secourir les victimes des bombardements pendant la seconde guerre mondiale. Bacon, traumatisé par les coups d’un père furieux de son homosexualité naissante, collectionnait les photos de victimes de crimes, trouvées dans le magazine « le Crapouillot »par exemple mais aussi des bourreaux comme les sœurs Papin. Toujours dans le même ordre d’idées, Bacon possédait une vaste collection d’ouvrages de médecine, de dissection. Dans son atelier, on peut retrouver des traces venant du cinéma, en particulier dans l’œuvre de Luis Bunuel, « l’âge d’or » ou « le chien Andalou », mais aussi dans le cinéma muet russe, comme « le cuirassé Potemkine ».Nous vous invitons à venir visiter l’atelier de Francis Bacon, à travers une vidéo d’une vingtaine de minutes réalisée par la Télévision Suisse Romande à l’adresse suivante http://archives.tsr.ch/player/personnalite-bacon.ou dans un autre film , réalisé par la BBC dans lequel nous voyons Francis bacon parler de sa peinture et de ses influences http://www.ubu.com/film/bacon.html

petrusUn autre article intitulé « les très riches heures des hirsutes Gonzales », signé Cathy Gere nous entraine à la Renaissance sur les traces d’une famille bien particulière : les Gonzales. Petrus Gonzales est offert par la cour du roi d’Espagne en cadeau à Henri II. Il s’agit bien d’un cadeau prestigieux car Petrus Gonzales est poilu des pieds à la tête. Il souffre d’une maladie rarissime dont on ne connait qu’une cinquantaine de cas depuis 4 siècles : l’hypertrichose.L’auteur montre que ce personnage est traité, non pas comme un monstre, mais plutôt comme un bijou précieux. Il fera l’objet de nombreux soins : il recevra une éducation humaniste, sera examiné par de nombreux médecins. Il épousera une jolie femme à la peau lisse dont il aura 7 enfants, la plupart recouverts de poils, filles comprises. Ces êtres-objets, achetés, échangés, passeront de cour en cour. Ils deviendront les modèles de nombreux peintres. Les premiers tableaux seront accrochés par Ferdinand II, archiduc du Tyrol, sur les murs de son château d’Ambras. Le nom du château donnera d’ailleurs le nom à cette maladie du système pileux : « le syndrome d’Ambras ».
Pascal Broutin