cerclePar rapport au sujet du détour, j’aimerais vous parler du livre de Mary Ann Shaffer et Annie Barrows « le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates », paru aux éditions Nil, livre qui rencontre un vif succès mais qui est loin d’être le livre du siècle. Son intérêt, à part celui d’être divertissant et de vous mettre de bonne humeur, malgré la dureté du contexte, est sa forme épistolaire. Raconter une histoire par le truchement de lettres représente une manière détournée de raconter une histoire, de rendre compte d’un lieu, ici Guernesey et d’une époque la deuxième guerre mondiale et l’après-guerre. Les deux romanciers renouent avec une tradition anglaise bien ancrée. Dès 1620, l’anglais Nicolas Breton publie  » a post with a packet of mad letters », sans oublier le très beau « Dracula » de Bram Stoker. Les français ne sont pas en reste avec bien sûr « les liaisons dangereuses » de Pierre Chaderlos de Laclos.
Pour le thème « générations », j’ai trouvé un excellent article dans la revue de cinéma « Positif », n°586, en date damn_du mois de  décembre 2009. Vous pourrez trouver une copie de cet article dans le classeur « générations », disponible au CDI. Il s’intitule « sanglantes luttes des classes d’âge : conflits de générations et cinéma de genre ». L’auteur, Pierre Charrel, dresse une typologie des films dans lesquels est mis en scène le conflit intergénérationnel. L’affirmation de la jeunesse en tant que groupe social distinct de celui des enfants et des adultes n’apparait qu’après la seconde guerre mondiale. Les films des années 50 se font le miroir de ces conflits. Comme il s’avère difficile pour une génération adulte de regarder ses enfants, ses petits enfants comme menaçants, voire criminels. Les cinéastes ont donc choisi d »utiliser des genres plus métaphoriques, plus distanciés que sont les films fantastiques ou de science-fiction. Pierre Charrel distingue plusieurs figures. tout d’abord, le jeune psychopathe avec des films comme « la mauvaise graine » de Mervyn LeRoy, « l’autre » L_EXORCISTE_VERSION_INTEGRALE_1_ef0cade Robert Mulligan et « Halloween » de John Carpenter. Nous trouvons ensuite la figure du « jeune monstrueux » avec des jeunes loups garous des petits Frankenstein, des vampires juniors avec la fillette dans « la nuit des morts vivants » de George Romero ou de « Dawn of the Dead » de Zack Snyder. Nous voyons apparaitre ensuite la figure du « jeune martien » avec des films comme « le village des damnés » de Wolf Rilla suivi du remake de John Carpenter. Enfin, n’oublions pas la figure du « jeune démoniaque » The_Road_La_Route_Poster_USAavec bien sûr le retentissant « exorciste » de William Friedkin. L’auteur nous rappelle que, dans l’autre sens, nous trouvons aussi des films avec des adultes qui sont victimes de pulsions infanticides comme dans « shining » de Stanley Kubrick ou « la nurse » de William Friedkin. L’article se termine sur une note un peu plus optimiste quoique, avec un film qui réconcilie le monde des adultes et celui des enfants « la route » de John Hilcoat tiré du roman, très lugubre à mon gout, de Cormac Mc Carthy, Pierre  Charrel parle d’un « bouleversant éloge de la solidarité intergénérationnelle »
Pascal Broutin