oreilleJ’aimerais vous recommander un excellent roman d’Eric Chevillard « oreille rouge », publié aux éditions de Minuit. L’histoire est étrange. Un auteur français se rend au Mali, près de Bamako, en résidence d’écrivain pour écrire un long poème sur l’Afrique. Apparemment, Eric Chevillard a vécu cette expérience. Auto fiction alors ? Il s’en défend dans un entretien qu’il a accordé à l’Express : « avant tout, j’ai voulu profiter du dépaysement pour voir comment la conscience et la langue allaient réagir au contact d’une réalité nouvelle. Il fallait que la langue prenne des coups de soleil ». Eric Chevillard nous propose un long poème en prose sur cette nouvelle réalité. Il s’amuse en jouant sur la sonorité  des mots, la qualité des sensations, des images. Loin du misérabilisme ou de l’exotisme des récits de voyage, il nous dresse une image de l’Afrique proche de l_elegance_du_herisson_0celle que je me figure et que j’ai pu recueillir auprès de voyageurs ou d’africains. Il engage dans son texte une critique ou une réflexion sur les écrivains voyageurs. J’aime tout particulièrement les non rencontres avec l’hippopotame symbole du Mali. Il parsème son récit de contes, de citations entendus mais aussi inventées, de textes explicatifs sur la vie en Afrique. Nous nageons curieusement toujours entre la réalité et l’imagination de l’écrivain. A la fin, nous nous demandons si il a h_rissonSvraiment effectué le voyage  ou  si il est resté en Bretagne et a tout imaginé tel un Jules Verne à partir de la documentation. Et même, si il est vraiment parti en Afrique a-t-il quitté sa chambre ? Ce texte poétique regorge aussi d’humour, de jeux avec le lecteur., comme dans cet extrait : « Que l’on nous dise enfin ce qui rend si intéressant ce Toka et pourquoi il faudrait se fier à lui comme à Fabrice del Dongo-alors ? Mais quelle impatience ! On n’aime plus le roman tout à coup ? On veut la fin tout de suite ? Et quoi du délicieux supplice de l’attente ? » Alors n’attendez plus et lisez ce délicieux carnet de voyage romanesque.
Dans un tout autre genre, vous pouvez lire le roman de Muriel Barbery « l’élégance du hérisson », porté à l’écran par Mona Achache avec Josiane Balasko. Muriel Barbery nous fait le portrait de deux filles : Renée 54 ans et Paloma 12 ans. Elle nous dépeint aussi le microcosme d’un immeuble parisien. A travers la rencontre de ces deux générations, elle nous décrit la condition humaine : la vie et la mort, l’amour et la douleur. Renée, petite, laide, concierge de son état, se passionne pour les livres et le cinéma, en particulier Ozu, mais elle a décidé de garder son jardin secret et de se conformer à l’image qu’on attend d’une concierge. Ce livre tendre et humoristique comporte quelques longueurs tout de même.
Enfin, nous vous invitons à entrer dans le monde béckettien de Jean-Philippe Toussaint avec son livre « la salle de bain » . En lasalledebaineffet, le héros vit dans sa baignoire tantôt habillé, tantôt nu. Il quittera sa baignoire parisienne pour se rendre à Venise pour y faire quoi au juste ? La réponse n’est pas évidente. pour le savoir, je vous invite à lire ce livre court, à l’écriture hachée en 50 petits chapitres drôles et bien écrits. Sinon, vous pourrez toujours essayer de voir le film qu’en a tiré John Lvolff avec Tom Novembre dans le rôle du héros.
Pascal Broutin