b2Je vous invite à découvrir le portrait de Keith Haring dressé par Maripol, amie intime de l’artiste, dansb1 un reportage d’une petite heure, divisé en 6 chapitres et disponible sur le site d’Arte. à l’adresse suivante : http://creative.arte.tv/fr/node/12391

Dans son film, elle donne la parole aux témoins et amis de l’époque. De nombreuses images d’archive  nous montrent Haring au travail. Nous plongeons dans le New York de la fin des années 70 et du début des années 80. Nous assistons à une véritable explosion culturelle suite à la rencontre des artistes noirs de l’Uptown et les artistes blancs de Downtown. Un grand souffle de liberté et de création caractérise cette période. Basquiat et Haring descendent l’art dans la rue, le métro. Ils exposent l’art à des personnages qui ne s’étaient jamais rendus dans des musées.

Nous assistons à la naissance d’un art total. Haring utilisait de nombreux médias disponibles à son époque : la peinture mais aussi la vidéo, l’animation avec « le bébé », par exemple. Il reconnaît les graffeurs les autres artistes qui descendent dans la rue commeb5 les hip hop dancers, les breakdancers. Ib4l les invite à ses exhibitions. Les danseurs improvisaient à l’intérieur et à l’extérieur de la galerie mais surtout devant les œuvres. Ils s’animaient sous les notes de DMC ou Public Ennemy. De son côté, il se tourne vers la musique : il peint des pochettes de vinyles, il investit un club gay « le paradise garage », pour y danser mais aussi peindre des fresques. Un soir, il peindra le corps de la chanteuse Grace Jones. Il aime la culture des clubs, les DJ comme Harry Leran, inventeur de la House Music. Il introduit toute cette culture dans son art qui est mouvement comme la danse. La ligne n’est pas figée même si en apparence il s’agit d’une œuvre statique en 2 dimensions

Il reprend aussi l’idée de Gilles Deleuze de cartographie de l’espace. Il dessine des lignes les étire. Elles sont sans fin et sans limite . On a l’impression que sa ligne ne s’est arrêtée qu’avec sa mort. Son atelier s’étend partout à l’infini. New York est un de ses ateliers, que l’on peut parcourir à travers certaines de ses œuvres.b3

Une des caractéristiques de son travail est aussi la spontanéité, l’immédiateté. Il ne produit aucun travail préparatoire, aucun croquis. Il n’utilise pas de gomme, il ne prend pas de notes.

Comme Warhol, à qui il rend hommage dans un des chapitres, Il met fin à l’opposition entre art de la rue, accessible à tous et l’art décoratif, commercial, réservé à une élite. Il élargit la définition de l’art. Haring, comme Warhol, deviennent de l’art, des objets d’art par leur manière de s’habiller, de se mouvoir, de parler. Il ouvre le Popshop un magasin où on peut s’offrir une œuvre d’art pour 20 dollars : T-Shirt, casquette. Il lance sous les feux de la critique le merchandising.

Haring se caractérise aussi par des prises de position dans son travail. Il partage tout d’abord ses peurs par rapport au nucléaire . Puis, il s’engage b6dans des combats contre le racisme, la violence et le sida. Dès qu’il fut un peu reconnu, il a commencé à utiliser son art pour exprimer ses opinions. Il lance une première campagne contre l’Apartheid, il réagit à la mort violente d’un jeune graffeur noir de Brooklyn, assassiné par 5 policiers en 1983. Il peint sur un mur d’un terrain de jeu de Harlem « Crack is wack » (« le crack c’est nul »). Il s’engagera complètement dans la lutte contre le sida en rejoignant rapidement le mouvement Act Up.

N’hésitez pas à découvrir ce beau documentaire et son œuvre au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, jusqu’au 18 août.

Pascal Broutin