a1  Dans le très beau film la thérapie du bonheur, le psychothérapeute Irvin Yalom nous explique la nécessité, pour un père ou une mère de dire « je t’aime » à ses enfants ou à ses proches. Il faut savoir pardonner quelque soit la raison qui nous sépare et savoir dire les 3 mots magiques. Sinon, une sorte de poison circule de génération en génération. La mère le transmet à sa fille qui le transmet aux générations suivantes.

Le très beau film de Lucas Roxo Sinto a tua falta raconte une histoire similaire. Lucas est journaliste en résidence au Cléa, à Roubaix et intervient avec les Mises à niveau C de M. Berlinguez. Le projet consiste à demander à chaque élève d’aller à la rencontre d’une personne réelle qui est venue en France, de recueillir son témoignage et d’en faire un récit qui pourra prendre des formes diverses. Donc, ce lundi 30 janvier, Lucas est venu discuter de son film qui parle de sa grand-mère à travers deux aspects. Sa grand-mère rencontre d’abord la grande histoire en faisant partie de ses nombreux portugais qui ont fui la dictature de Salazar pour se réfugier en France. Le récit se décline à travers des lettres que sa grand-mère envoie à sa fille, restée au couvena2t pour terminer son année scolaire. Les conditions de vie étaient très rudes dans les couvents portugais : discipline de fer, obligation de manger sa nourriture, laver son linge à l’eau froide… En réalité, ses lettres sont écrites et lues par la grand-mère pour le film, car elle était analphabète à l’époque. Sa fille ressent un sentiment d’abandon, souffre de l’absence et semble ne pas avoir totalement pardonné comme nous le suggèrent quelques plans du film. Voilà pour la petite histoire. Au final, l’intime se conjugue bien avec l’universel. A travers ce film, Lucas Roxo semble vouloir faire tout un chemin pour amener à la réconciliation définitive de ses deux parents. Le documentaire rencontre le film d’amour.

Je terminerai ce message par un petit texte de Yasmina Reza, extrait du recueil de nouvelles .

« Maman…Je comprends que tu aimes beaucoup ce livre, mais moi, tu m’aimes autant ? ». « Je lui dis que ce n’est pas le livre que j’aime que c’est elle, que c’est nous, que c’est cet instant même qui n’est déjà plus, que c’est déjà toutes les choses que nous ne ferons plus ensemble, les colères auxquelles elle a renoncé en grandissant, les disputes que nous n’aurons plus, je murmure encore pour moi d’autres choses qu’elle n’entend pas, je ne vais quand même pas lui dire que le bonheur n’est su que perdu »

Pascal Broutin