b1L’essor de la photographie et du cinéma, un peu plus tard, se confond avec celui des villes. La photographie témoigne de leur évolution et permet de conserver, de manière subjective, la mémoire de ces lieux. La ville est rapidement devenue un sujet de prédilection pour les photographes. La photo cherche à reproduire et à représenter le réel : le recenser et le conservb2er. Elle témoigne d’un monde en disparition car une des caractéristiques de la ville est son éternelle mutation Charles Baudelaire disait déjà en son temps : « le vieux Paris n’est plus ». A partir de 1862, Charles Marville rend compte de l’Hausmannisation de la Capitale. Un peu plus tard, Eugène Atget élabore une véritable encyclopédie des rues mais aussi des métiers de Paris. Il procède comme Georges Pérec à l’inventaire et à l’épuisement d’un lieu : Paris ; En 2003, Thibaut Cuisset reprend cette tradition dans sa série « portrait de rue » Il photographie une seule rue sur 1,5km: la rue de Paris qui mène de Montreuil à Paris : photographies de devantures, de personnes en mouvement. L’artiste nous raconte son expérience, dans un entretien accordé à la Galerie « leb3s filles du calvaire ». Sur le site de la galerie vous pourrez également admirer quelques-uns de ses clichés. Ces photos s’opposent à celles de Google Earth qui essaie de faire aussi un inventaire de nos rues et de nos maisons. Mais les clichés apparaissent sans vie, comme chez Alex MacLean qui s’est amusé à prendre des photos aériennes des grandes villes américaines. Vous pourrez découvrir, au CDI, son travail dans un livre titré « over : visions aériennes de l’American way of life : une absurdité écologique ». Tout au cours du 19ème siècle, la photographie ne peut pas rendre compte des déplacements car les temps de prise de vue sont longs. Ni fiacre, ni automobile. Pour la même raison, les villes d’Atget et de Marville sont la plupart du temps dépeuplées. Elles sont statiques, sans vie et les portraits des citadins ne sont pas naturels.

 A côté de ce travail d’inventaire,des artistes s’amusent à mettre en scène la ville grâce à différents procédés techniques. Paul Citroëna réalisé des collages photographiques qui inspireront Fritz Lang pour son Métropolis. Comme nous l’avons vu dans un précédent billet, Thierry Cohen replace le ciel étoilé dans nos mégapoles. Dans sa sérieb4 « vider Paris », Nicolas Moulin transforme la ville en un désert terrifiant. Grâce au montage photo, Alain Bublex crée, dans sa série « Plug in city », des villes modulaires, ajoute des pièces en plus aux habitations, greffe des logements sur des monuments comme la Tour Eiffel, sous forme de containers ou de cubes légo Jeff Wall met en scène ses photos de ville dans des caissons lumineux. Vous trouverez facilement des photographies issues de ces différentes expériences sur Internet

 Pascal Broutin

 

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