sport1Tout au long de l’année, nous reviendrons sur la question suivante : « le sport, miroir de notre société ? ». Cette question s’adresse aux candidats des diverses BTS. Nous aimerions vous proposer aujourd’hui une approche conceptuelle de la question.

Tout d’abord, nous pouvons constater que le mot « sport » est relativement récent. Il apparaît vers 1800. Avant, on utilisait le mot de gymnastique. Pourquoi une arrivée si tardive ? Elle coïncide avec le développement dessport2 pratiques sportives au sein des classes bourgeoises et de sa massification ultérieure.. Cet engouement populaire tire son origine de trois raisons principales. Premièrement, il résulte de l’apparition d’un nationalisme français, particulièrement exacerbé avec la défaite de 1870 et la perte de l’Alsace et de la Lorraine. Le sport à l’école doit permettre de former des soldats aguerris. Deuxièmement, les événements sportifs sont relayés et encouragés par le développement de la presse qui voit là un moyen pour elle de faire sa publicité et de vendre du papier. Henri Desgrange, directeur du quotidien « l’Auto-Vélo » lance en 1900 le fameux Tour de France. Enfin, Le développement de la médecine et la mise en avant sport3des principes d’hygiène vont encourager la pratique sportive, en mettant en avant le célèbre adage « un corps sain dans un esprit sain ».

 Mais revenons aux mots et pour cela allons voir du côté du portail de dictionnaires et d’encyclopédies, Lexilogos, dont on ne vantera jamais assez les vertus. Le Trésor de la Langue Française nous apprend que le mot « sport » dérive du mot « desport » ou « déport » qui signifiait à l’origine « plaisir, divertissement ». Sport en anglais signifie « jeu ». Le sport a pour vertu de tuer le spleen au XIXéme siècle.. A noter que le Littré ne s’étend pas beaucoup sur ce mot récent lors de sa parution. Apparemment, il n’apparaîtrait que dans la 8ème version du Dictionnaire de l’Académie Française, celle de 1932, en ces termes :SPORT. n. m. Mot emprunté de l’anglais. Il sert à désigner Toute sorte d’exercices physiques, de jeux d’adresse ou de force, courses de chevaux, joutes sur l’eau, chasse à courre, gymnastique, escrime, automobilisme, etc. Faire du sport. S’adonner aux sports. Cultiver les sports. Pour désigner ces activités avant le XIX, nos ancêtres utilisaient le mot de « gymnastique ». D’ailleurs, dans ma prime jeunesse, les professeurs d’EPS s’appelaient les profs de gym. Le Littré propose un article plus conséquent que voici dans sa presque totalité :

1°Qui concerne les exercices du corps. Les exercices gymnastiques. 2°S. f. L’art, l’action d’exercer le corps pour le fortifier. La danse est un des exercices du corps que les Grecs ont cultivés avec beaucoup de soin ; elle faisait partie de ce que les anciens appelaient la gymnastique, partagée suivant Platon en deux genres, l’orchestique, qui tire son nom de la danse ; et le palestrique appelé ainsi du mot grec qui signifie la lutte, ROLLIN, Hist. anc. Oeuv. t. IV, p. 538, dans POUGENS. La gymnastique est la culture régulière du corps ; elle est pour lui ce que l’étude est pour l’esprit, BARTH. ST-HILAIRE, Préface, p. VIII, de la Gymnastique pratique de LAISNÉ. La gymnastique bien comprise est une partie essentielle du perfectionnement de notre être, et l’on ne doit pas être surpris qu’à ce titre elle ait attiré les méditations des philosophes les plus vénérés du genre humain, d’un Platon, d’un Locke, BARTH. ST-HILAIRE, ib. p. IX. Les jeux ordinaires avec leurs inconvénients désordonnés et sans suite ne sauraient remplacer la gymnastique ; et, réciproquement la gymnastique, régulière et disciplinée comme elle est, ne doit point exclure les jeux où les enfants se livrent à tous les ébats de leur âge, BARTH. ST-HILAIRE, ib. p. IX. Si la gymnastique est distincte du jeu, elle ne l’est pas moins de l’orthopédie…. elle prévient le mal en affermissant la santé et en fortifiant tous les organes, qu’elle exerce avec vigueur et continuité, BARTH. ST-HILAIRE, ib. p. IX. Les femmes ont besoin de la gymnastique, plus même que les hommes ; pour elles, les obstacles que la vie civilisée oppose au développement corporel sont bien plus multipliés et bien plus funestes encore, BARTH. ST-HILAIRE, ib. p. XII. Fig. La déclamation était une espèce d’apprentissage de l’éloquence appliquée à des sujets anciens ou fictifs, une gymnastique où l’athlète essayait des forces qu’il devait employer dans la suite aux choses publiques, DIDEROT, Claude et Nér. I, 1. 3°Par extension, le lieu où sont établis les objets nécessaires à ces exercices et où l’on va s’exercer. Aller à la gymnastique.

Nous voyons à travers cet article la synonymie des 2 mots. Le sport prendra la première place peut être grâce au journal que lance Eugène Chapuis en 1854 « le Sport ». Pour écrire le début de l’article, j’ai utilisé le livre de Ronan Dantec « il y a un siècle…le sport » paru aux éditions Ouest France

Pascal Broutin