a1Nous avons eu le grand plaisir de recevoir deux illustrateurs pour la jeunesse, Anouck Boisrobert et Louis Rigaud, ce vendredi 07 janvier 2011, dans le cadre de l’opération « livre comme l’air ». Nous tenons à remercier la Médiathèque de Roubaix et en particulier Clotilde Deparday, pour la tenue de cette manifestation qui nous permet, chaque année, de rencontrer des professionnels de l’illustration.

Anouck Boisrobert et Louis Rigaud :

Dans un premier temps, les deux auteurs nous ont précisé leur parcours professionnel . Sans entrer dans les détails, ils ont tous les deux suivi l’atelier didactique visuelle des Arts Décoratifs de Strasbourg, pendant 5 ans. Lors de la quatrième année, ils ont participé à un worshop avec des professionnels spécialisés en pop-up. De cet atelier va naître la première maquette du futur livre « Popville ». Après le temps de la précipitation du workshop, ils ont pu tranquillement tester et améliorer le projet. Dans un troisième temps, ils se sont rendus au salon de Montreuil pour rencontrer les éditeurs avec leur maquette. L’air du temps n’était pas au pop-up, bien que Marion Bataille ait sorti son fameux « abc3d ». Ils ont eu, tout de même, la chance de rencontrer Gérard Lo Monaco, directeur artistique d’une maison d’édition qui a2n’existait pas encore : Hélium. Cette petite maison d’édition publie une vingtaine de livres par an, destinés à la fois aux adultes et aux enfants. Elle propose des livres objets, des livres animés, des livres qui suscitent en tout cas l’interactivité. Gérard Lo Monaco, décorateur de théâtre, illustrateur, éprouve depuis longtemps une passion pour le pop-up. D’ailleurs, il a collaboré à de nombreux projets avec les éditions Gallimard. Citons, entre autres, « le petit Nicolas », « le petit prince », « le prince de Motordu », « l’homme qui plantait des arbres » et plus récemment « Moby Dick ».. Commence alors toute une série de négociations entre l’éditeur qui veut mettre aussi sa patte sur le projet et les jeunes diplômés qui veulent sortir leur premier ouvrage. Anouck Boisrobert et Louis Rigaud nous expliquent les concessions, les évolutions positives à travers des photographies numériques . Le titre par exemple. Ils avaient appelé le livre « city », l’éditeur propose « popville » le remplacement des tirettes par des rabats…Les choses n’en restent pas là car nous avons affaire à un pop-up. Louis Rigaud nous explique les différentes étapes d’impression du pop-up et en particulier le collage final à la main. Ce travail artisanal crée un coût important ce qui explique à la fois la délocalisation de l’impression (popville est fabriqué en Thaïlande), mais aussi la nécessité d’en vendre beaucoup, d’où la nécessité de trouver des coéditeurs. Ils vont rechercher ces coéditeurs à la Foire de Bologne pour la jeunesse : 15 000 exemplaires pour les États-Unis, 7000 pour la France… 50 000 exemplaires sont prévus pour un premier tirage.

Popville :

a3J’aimerais vous dire quelques mots un peu plus personnels sur l’album. Sa grande originalité réside dans la présence de la fenêtre qui fait que les pages sont complètement reliées les unes aux autres contrairement aux autres pop-ups qui proposent des pages indépendantes. Cette possibilité permet de bien retracer l’évolution de la ville. Nous partons d’une petite église rouge et de 2 maisons, 7 arbres et une route. La ville va grandir en même temps que la fenêtre et accueillir une gare, une école, une mosquée, des grands ensembles… Les enfants peuvent d’ailleurs s’amuser à retrouver les différents éléments de la ville. Les réponses ne sont pas évidentes d’ailleurs et les auteurs leur laissent une grande marge d’interprétation. Le déploiement du pop-up se faisant à partir du pli central, les auteurs ont du employer un format tout en longueur pour pouvoir disposer de nouveaux bâtiments. Pour ajouter des éléments en volume, loin du pli central, ils ont dû utiliser pour la dernière page des rabats. Au départ, ils avaient opté pour des tirettes, mais l’éditeur leur a suggéré des rabats pour maintenir la dynamique de l’album et éviter ainsi l’ouverture et la fermeture des tirettes. D’un point de vue technique, l’ensemble demeure d’une grande simplicité : les formes pop-up sont basiques, faciles à réaliser, les dessins sont naïfs, la palette des couleurs est relativement sobre. Les auteurs ont employé le crayon de couleur pour créer différentes nuances de vert et de gris. Mais, l’ensemble reste à la fois très design, mais aussi très tendre, proche du monde de l’enfance. Un texte de Joy Sorman arrive dans les dernières pages en complément du pop-up. Curieusement, Joy Sorman insiste particulièrement sur l’hyperactivité des hommes, alors que nous n’en trouvons aucune présence physique dans les dessins. Les auteurs n’ont pas un message particulier à faire passer. Nous nous situons entre la passion et la folie de construire.Pour vous faire une idée du travail réalisé, vous pouvez regarder cette  petite animation

Et après

Après cette première grande aventure, nous avons abordé l’avenir. Louis Rigaud et Anouck Boisrobert nous ont parlé du prochain album qui devrait paraître aux éditions Hélium sur un sujet d’actualité : la déforestation en Amazonie. Il s’intitule « dans la forêt du paresseux » et devrait sortir en mars de cette année. Dans cet album, nous prenons Popville à l’envers. Nous partons d’une double page saturée d’arbres pour finir par une page apparemment vide, couverte de traces d’hommes , d’engins, de destruction de toutes sortes. Heureusement, pour ne pas trop démoraliser la jeunesse, les enfants ont la possibilité de tirer une petite languette pour faire apparaître des jeunes pouces. Et oui, nous pouvons être actifs chacun à sa petite échelle, par rapport aux problèmes d’environnement (biodiversité, déforestation). Tel est le message que veulent faire passer les illustrateurs. Avant l’apocalypse finale, les enfants pourront s’amuser à retrouver les différents animaux qui peuplent la forêt et en particulier le paresseux qui pourrait s’appeler Charlie. Nous retrouvons les mêmes techniques que pour le précédent album : pop-up à fenêtre, crayon de couleur…

Dans leur grande générosité, les auteurs nous ont présenté des travaux non éditoriaux. Louis Rigaud a évoqué leur participation au webdesign international de 2010. La consigne consistait à réaliser un site en 24 heures sur le thème suivant : « je pense à toi : communiquer sa présence à un être cher, dans le contexte de la mobilité ». Je vous invite à vous rendre compte du résultat qui s’intitule « best friends papers » en vous rendant sur son site à l’adresse suivante. Vous y découvrirez toute une série d’autres projets aboutis, dans le domaine de l’image animée cette fois-ci. De son côté, Anouck Boisrobert nous a montré son book en donnant quelques conseils. Pour vous rendre compte de son travail d’illustratrice, rendez-vous sur  son site.

Je terminerais en remerciant à nouveau les deux auteurs pour leur disponibilité, leur jeunesse, leur générosité et n’hésitez surtout pas à venir les rencontrer lors du festival « livre comme l’air » de juin. Les dates vous seront précisées ultérieurement.

Pascal Broutin