a2Je vous invite à aller à la rencontre d’un philosophe de l’antiquité que l’on pourra qualifier de marginal dans sa manière de vivre et de penser. Il s’appelle Diogène de Sinope. On le représente souvent affublé d’un bâton, accompagné d’un chien et d’un tonneau qui lui servait de maison. En réalité, à l’époque de son existence, IV ème avant notre ère, le tonneau n’existait pas en Grèce. Ce sont les biographes latins qui ont traduit amphore par tonneau.

Il vous intéressera, je l’espère, par son mode de vie tout particulier. Pour vous en parler, je me baserai sur l’entretien de Jean-Manuel Roubineau , qu’il a accordé sur France Culture, dans l’émission « concordance des temps », du 22/02/2020 (https://www.franceculture.fr/emissions/concordance-des-temps/diogene-citoyen-du-monde)

et sur son livre « Diogène », publié en 2020.

Un rapport à l’argent particulier :

Le véritable riche n’est pas celui qui a accumulé mais celui qui a le moins de besoins. Son objectif est de réduire au maximum ses besoins. Pour lui, il ne faut pas être dépendant des biens de ce monde. Il faut ajuster son mode de vie à ses moyens. En quelque sorte, il devient un adepte de la décroissance : séparer besoins et envies. Il prône à la fois un retour à la nature et à la simplicité.

il pense que les hommes devraient s’inspirer de la nature. Il classe les êtres vivants en fonction de leur degré d’autarcie : en haut les dieux (pas de besoins) puis les animaux et enfin les a3hommes qui ressentent de nombreux besoins, souvent artificiels. De plus, les animaux ne connaissent pas les Dieux et ne vivent pas sous leur crainte. Il reprend l’image du chien qu’on lui attribue car il le considère comme supérieur. Il invite les gens à « revêtir la vie des chiens ». Il appartient au courant des cyniques, mot, qui partage la même origine étymologique que le mot chien. D’ailleurs, il ne rechignait pas à aboyer et à mordre.

Diogène préfère mendier que de travailler de ses mains.

« Pouvoir être riche sans une seule obole ». Mais, il ne se considère pas comme parasite. En effet, en échange il prodigue des conseils, lance des injures.

Il refuse toute forme de propriété l’argent est la mère de tous les vices. La richesse est dérisoire. Les biens matériels, le patrimoine sont des leurres. Il distingue fait de pauvreté et sentiment de pauvreté. Quatre siècle plus tard, le sociologue Pierre Bourdieu parlera de misère de condition (misère objective) et misère de position (misère ressentie). Les contraintes associées au statut social oblige les riches à tenir un certain niveau de vie qu’ils ne peuvent tenir : organiser des fêtes, être vêtu élégamment, entretenir un lourd personnel.« Les grands pauvres sont ceux qui héritent d’une masse importante de biens ».