Nous avons eu le plaisir de rencontrer Anne Brouillard, ce mercredi 10 juin, dans le cadre de l’opération « livre comme l’air », organisée par la Médiathèque de Roubaix. Les classes de seconde STI, BT,  et quelques élèves de mise à niveau et de 1ère STI étaient présents avec leurs professeurs. Anne Brouillard nous a expliqué sa manière de travailler en nous présentant ses blocarnets de croquis, de vrais faux originaux, des esquisses de son travail, des planches rejetées… La discussion a pris la forme d’un échange, très riche et donc difficile à retranscrire. Nous nous contenterons de mettre en avant quelques idées phares. Dans un premier temps, nous avons essayé de comprendre d’où venait son inspiration ? Anne Brouillard aime les voyages, les voyages calmes qui lui permettent de ne pas travailler dans l’urgence. Elle aime prendre le train. Elle s’est rendue dernièrement en Chine, en chemin de fer. Elle voyage côté vitre pour mieux apercevoir des choses dans le paysage. Elle s’imprègne de touches, de détails qui deviendront plus tard, grâce au travail de mémoire des images. Ses idées naissent, me semble-t-il, d’un savant mélange de réalités entre aperçues, de bribes de mémoire et d’effluves de rêves et d’imaginaire. Pour mettre en forme ses idées, elle a besoin de calme. Elle nous a expliqué sa difficulté de dessiner en Chine, à cause du bruit et du fourmillement de cette civilisation. Le mélange obtenu bonifie pendant un certain temps, 8 ans pour l’album « l’orage », par exemple. Elle travaille sur plusieurs projets en même temps, commence toutes les images pour garder une unité de lumière et de ton. Elle a utilisé plusieurs techniques au cours de sa carrière. Pour 3 chats, son premier album, elle a eu recours à de l’aquarelle, de la gouache et du pastel sec. Pour « voyage », elle a dessiné avec des crayons graphites de différentes valeurs. Mais de plus en plus, elle privilégie une technique ancestrale, présente dès l’Egypte Ancienne « la Tempera », qui, pour elle, rend le mieux la lumière. Devant nos yeux, elle nous a préparé ce mélange dont le jaune d’œuf représente le médium pour lier les pigments, naturels ou chimiques. L’art consiste à séparer leblo_001 jaune du blanc, de passer plusieurs fois le jaune d’une main à l’autre pour enlever complètement le blanc, puis de pincer la peau du jaune pour la retirer. Il suffit ensuite d’ajouter des pigments et quelques gouttes de vinaigre blanc. Elle a confirmé ce qu’avait dit Sophie Van der Linden, elle utilise beaucoup de techniques cinématographiques, présentes, en particulier, dans le cinéma d’animation.: elle réalise une sorte de story-board, parfois une maquette comme pour « l’orage », la technique du décor comme pour « rêve de lune », puis des procédés connus comme le zoom, les différents types de plan…Par contre, elle n’utilise pas la photographie, elle préfère garder son travail de mémoire. Même lorsqu’elle réalise une maquette, elle s’en détache rapidement pour dessiner avec ses images mentales. Ensuite, vient le moment de la rencontre de l’éditeur. Elle fonctionne par affinités, par coups de cœur et n’hésite pas à changer d’éditeur : le Sorbier, Syros, Grandir, le Seuil, Sarbacane, pas par caprices mais parce que les responsables des collections changent souvent dans le monde de l’édition, ou par ce qu’une rencontre lors d’un salon a donné livrecomme2009_A_bdenvie de …Elle envoie le story-board, une maquette de l’ouvrage, des planches. Intransigeante par rapport à ses dessins, elle commence à le devenir par rapport à ses textes qui sont, nous l’avions déjà noté, d’une grande qualité poétique. Elle a confiance en ses mots et elle pense à juste titre que l’on a chacun son vocabulaire pour exprimer les mêmes choses, alors pourquoi pensez que celui de l’éditeur est meilleur ! Le travail d’impression est lui aussi très délicat. On perd beaucoup du point de vue matière, mais on gagne  du point de vue de la continuité, du rythme grâce au livre.
Si vous voulez, vous rendre compte de son travail et la rencontrer, il vous suffit d’aller au square Catteau-Minerel le dimanche 28 juin. Le CDI, quant à lui, a fait l’acquisition de 3 albums « la terre tourne », « rêve de lune » et « l’orage » avant la parution de son dernier album en aout « rêve de poissons », dont on a eu la chance de voir le pré tirage.
Pascal Broutin