Nous avons ouvert une nouvelle rubrique sur la littérature de jeunesse afin vous montrer la richesse de l’édition pour la jeunesse, tant dans les albums que dans les romans. L’idée est simple: vous donnez envie, tout d’abord, de lire certains livres que nous n’achèterons pas forcément, mais que vous devriez trouver facilement en médiathèque, puis, dans un deuxième temps de vous faire partager le travail de certains illustrateurs.
Pour commencer, nous vous invitons à voyager dans 3 grands sites, que vous retrouverez dans la webographie du site à la rubrique « littérature pour la jeunesse » : Lille 3 Jeunet que je co-animais à une certaine période; vous y trouverez de nombreux travaux réalisés par des étudiants de Lille3. Ricochet : le site du centre International d’Etudes en Littérature de Jeunesse de Charleville-Mezierre qui constitue un véritable portail sur le sujet; vous y découvrirez de nombreux sites critiques, sites d’éditeur, des critiques de livre…Enfin, le site Télémaque, animé par le CRDP de Créteil, mais qui, malheureusement, semble être en veilleuse depuis quelques mois. Il nous propose de nombreuses bibliographies, des critiques, des propositions d’animations…
blJ’aimerais commencer cette rubrique par l’analyse du dernier roman de l’écrivain Michaël Morpurgo « seul sur la mer immense », publié par les Editions Gallimard, illustré par François Place (une seule illustration, quel dommage!).Michaël Morpurgo est né en 1943, il joint l’armée à 18 ans comme l’un des tout premiers grands écrivains pour la jeunesse du 20 ème siècle Roald Dahl. Il devient professeur et écrivain. Une vingtaine de ses ouvrages sont publiés en France. J’ai tout particulièrement apprécié « le roi de la forêt des brumes » que possède le CDI, une réécriture du « Roi Arthur », de « Robin des bois », « le royaume de Kenzuké », « le trésor des O’Brien », des livres antimilitaristes sur la première guerre mondiale comme « le cheval de guerre », « le soldat Peaceful ». Dans son dernier roman, la guerre et les tragédies des survivants sont présents dès le début du roman. 1947, Arthur Hobhouse, orphelin de père et de mère quitte l’Angleterre pour se rendre comme de nombreux autres britanniques en Australie. Il vivra sa première grande expérience maritime, souffrant du mal de mer. Ce départ représente une véritable rupture avec son pays, mais aussi avec sa famille puisqu’il doit se séparer de sa grande soeur qui lui remet une clef. Arthur débarque en Australie dans une ferme perdue dans le bush, au milieu de nulle part. Cette île au milieu du désert est gardée par M. Bacon, véritable représentation de l’ogre ou du dragon que les enfants surnomment « Piggy Bacon », double porc qui violente sa femme et les enfants, les fait travailler comme des esclaves. Ce début de roman n’est pas sans nous rappeler Charles Dickens et la figure de l’orphelin maltraité. Il ne survit que grâce à l’amitié qui l’unit à une sorte de grand frère Marty. Tous deux vont s’enfuir et se réfugier chez Megs Molly, figure féminine de Noé. Michaël Morpurgo a rencontré Megs Molly, lors d’un voyage en Australie. Dans la réalité, elle invite les enfants  défavorisés dans sa ferme, elle recueille les animaux trouvés blessés sur la route. Elle défend les enfants de les toucher pour éviter de les apprivoiser. Elle se comporte de la même manière dans le roman : elle recueille Marty et Arthur, les guérit et les éduque, puis les encourage à partir. Megs : « Si j’ai appris quelque chose dans cette vie, c’est qu’on ne peut pas s’accrocher à ce qu’on aime. Après la mort de Mick[son mari], après l’avoir pleuré, j’ai dû le laisser disparaitre. Tous ces animaux qui sont dans l’enclos, je ne dois pas me cramponner à eux. Ils ne sont pas à moi. Ils ont une vie à vivre en dehors d’ici. Et vous n’êtes pas à moi non plus. Je dois vous laisser partir. Vous avez votre vie à vivre ». Ainsi, va débuter la fascination des enfants, devenus de petits adultes, pour la mer. Ils vont construire des bateaux, naviguer. Arthur ne va plus vivre que pour la mer. Il va construire un bateau. Puis, il se marie et Allie, sa fille le suit sur ses traces. Arthur meurt et elle va prolonger la vie de son père en accomplissant le rêve qu’il n’avait jamais réalisé mais qui l’avait toujours hanté : se servir de la clé que lui avait confiée sa sœur. Allie va partir seule sur deux immenses océans, avec tous les moyens modernes à sa disposition. Malgré cette modernité, nous retrouvons ici l’amour de Michaël Morpurgo pour Robert Louis Stevenson et la description de la navigation. Michaël Morpurgo revisite avec ce roman les classiques de son enfance. Pas d’effets spéciaux, pas de fantastique, un roman de la vie, avec ses joies et ses tristesses. Un sorte de récit de vie  puisqu’il se base le témoignage d’un adulte qui a connu ce type de parcours. Comme ses prédécesseurs, Morpurgo maitrise l’art de l’écriture. Sa langue provoque en nous une multitude d’émotions. Un roman très attachant, pour petits et grands. Pour mieux connaitre l’auteur, je vous invite à vous rendre sur le site des éditions Gallimard qui vous propose un entretien http://www.gallimard-jeunesse.fr/actu/ITW_auteurs/Morpurgo/ph_auteur.php.

Pascal Broutin