J’aimerais rendre hommage à un écrivain que je parcours régulièrement et qui vient, enfin, de recevoir le prix Nobel de Littérature. Lire un livre de cet auteur s’apparente à une marche lente à travers une forêt de mots denses et poétiques, qui débouche souvent sur un horizon philosophique. Une philosophie qui revêt la plupart du temps les habits de la sagesse, de la fable ou du mythe. JMG Le Clézio aime réécrire les grands mythes à travers de petites histoires. Il est ressorti de son expérience chez les indiens Emberas ivre de
tradition orale, de mythologie indienne. Quelque part, Le Clézio s’adresse à tous ses êtres porteurs de ses cultures traditionnelles et qui ne liront jamais. Il admire leur sagesse : ils ne construisent rien de durable, ils peignent leurs tableaux sur leur corps et dans leur coeur, les mots, la poésie, les mythes voyagent dans les airs. A la fin de son discours, écrit à l’occasion du prix Nobel, il rend hommage à de nombreux écrivains venus de petites îles, de petits royaumes minoritaires : les Africains Wole Soyinka, Chinua Achebe, Ahmadou Kourouma, Mongo Beti, les mauriciens Malcom de Chazal, Abhimanyu Unnuth, la romancière urdu Hyder Qurratulain, le réunionais Danyel Waro, la poétesse kanak Dewé Gorodé…Le titre de son discours « la forêt des paradoxes » fait référence à l’écrivain Stig Dagerman. Pour Dagerman, le paradoxe renvoie au désir des écrivains de 
s’adresser aux affamés de culture alors qu’ils ne seront lus que par les nantis. Le Clézio regrette d’autant plus cette situation qu’il sait que le livre possède des vertus puissantes voire magiques et qu’il représente le bien le plus précieux en ce monde. C’est pourquoi, en conclusion de son discours, il milite en faveur de la lutte contre la faim et pour l’alphabétisation. Pour découvrir cet univers enchanté, vous pourrez toujours emprunter quelques romans disponibles au CDI : le très beau « chercheur d’or » qui vous amènera dans les îles Maurice et Rodrigues à la rencontre d’un homme au destin fabuleux, puis aller dans les traces de la toute jeune Lalla, l’enfant des hommes bleus , l’héroïne de « désert ». Vous découvrirez une biographie de Diego Riviera le grand peintre muraliste mexicain et de son épouse Frida Kahlo dans « Diego et Frida », enfin vous pourrez lire onze faits divers sous forme de nouvelles dans le recueil « la ronde et autres faits divers ». Sinon, nous mettons à votre disposition son discours de Stockholm sous forme papier. Vous pouvez le retrouver sur le site du prix Nobel et même voir la vidéo de son discours, ainsi que des extraits de lecture, à l’adresse suivante : http://nobelprize.org/nobel_prizes/literature/laureates/2008/clezio-lecture.html.
Pascal Broutin
