a1Petit billet pour vous présenter la suite de notre commande en matière de bandes dessinées. Commençons par une série venant de Chine : « la vie chinoise » de Li Kunwu et P. Otié, parue chez Made in, en 3 tomes. Le héros Xiao Li naît en 1955 et connaît les sombres heures de la révolution culturelle et l’emprise de Mao ZeDong sur son peuple. Il devient dessinateur  de propagande. En fait, nous avons affaire à une œuvre autobiographique, un récit introspectif qui nous montre comment una2 dessinateur peut s’exprimer dans un contexte de restrictions des libertés d’expression. D’un autre côté, nous voyons se déployer devant nos yeux l’histoire de la Chine contemporaine, du « grand bon en avant » à la conversion à l’économie de marché, avec le troisième tome intitulé « le temps de l’argent ». Le livre nous montre aussi la difficulté de parler et de critiquer le passé en Chine. D’un point de vue graphisme, le pinceau de l’artiste nous propose un a4style bien particulier qui navigue entre le dessin socialiste de propagande, le manga mais aussi un dessin plus occidental. « Chroniques de Jérusalem » de Guy Delisle, paru chez Shampooing, a reçu le fauve d’or à Angoulême en 2012. Nous suivons ce glotte-trotter dans un nouveau pays, lui aussi en conflits : Israël. Cette bande dessinée représente une sorte de carnet ou de récit de voyage, dans lequel l’auteur nous montre à voir quelques instants de son année passée en Terre sainte : son arrivée, son installation, la découverte de son environnement proche… Il essaie dans ses pérégrinations de changer notre regard stéréotypé sur ce monde ö combien compliqué. Il partage ses étonnements, ses humeurs. Dans la réalité, l’auteur a suivi sa femme, membre a5de Médecins sans frontières, qui a effectué une mission d’un an dans la bande de Gaza. Ils a6résidaient avec leurs enfants dans le quartier arabe de Jérusalem. On voit la vie dans cette ville, à partir de la fenêtre du dessinateur. D’un point de vue style, l’auteur voulait donner une ambiance carnet de croquis : dessins pas toujours finis, quelques touches de couleur. On sent aussi que Guy Delisle vient de l’animation. On rencontre pas mal de mouvements dans ses vignettes. Je vous invite d’ailleurs à voir son film d’animation « le moine et le poisson », à l’adresse suivante.

 Après « Isaac le pirate », vous pourrez dorénavant trouver une autre série de Christophe Blain. Cette fois-ci, il collabore avec Abel Lanzac, scénariste, pour écrire « quai d’Orsay : chroniques diplomatiques » en 2 tomes, chez Dargaud. Ils nous racontent la vie du ministre des affaires étrangères, Alexandre Taillard de Worms, dont les traits nous rappellent Dominique de Villepin, dont Abel Lanzac fut conseiller. De leur côté, Frédéric Poincelet et Vincent Bernière nous plongent, à travers une BD docu-fiction, dans le monde des toxicomanes en phase de guérison. L’ouvrage s’intitule « le château des ruisseaux » et est publié à l’Aire libre. Jean, le héros, se rend dans un centre de désintoxication a7pour suivre une thérapie de groupe. Nous suivons au cours de ces 72 pages le quotidien de ces personnes. Nous avons particulièrement apprécié le traitement graphique de Frédéric Poincelet. Olivier Hervé, dans son site « planète bd.com » rend bien compte de son travail : « Son trait réaliste s’affranchit des cases, capte habilement l’ambiance au Château et révèle avec subtilité les émotions de chacun : fin et délicat, soutenu par une mise en couleurs elle aussi très sobre, le a8graphisme insuffle douceur et sérénité, tranchant ainsi avec la dureté des expériences rapportées, parfois sinistres ou désespérées mais toujours réelles ». De son côté, Osamu Tezuka aborde l’amour impossible dans « chant d’Apollon », paru chez Sensei. Nous nous intéressons à la vie amoureuse de Shogo, qui ressent une profonde haine envers ceux qui l’aiment

 Quittons ces livres un peu graves pour des albums plus légers. Après « petit Christian », nous poursuivons notre découverte de Blutch avec un album qui nous plonge dans « le cinéma à papa » . l’album a pour titre : « pour en finir avec le cinéma » et est publié chez Dargaud. Nous ressentons un grand plaisir à retrouver les protagonistes, acteurs, actrices, réalisateurs  mais aussi les titres de films à travers quelques célèbres répliques. Enfin, passons à un autre auteur, que nous suivons régulièrement : Lewis Trondheim. Associé à Matthieu Bonhomme, il nous propose, chez Dupuis, un livre étrange, intitulé « omni-visibilis ». Hervé mène une vie ordinaire, bien que compliquée, jusqu’au jour où il se rend compte que tout le monde peut percevoir à travers ses sens et qu’il est possible de communiquer avec la terre entière à travers lui. N’hésitez à découvrir cette comédie tout à fait burlesque.

 Pascal Broutin