Nous pourrions aisément appliquer la phrase d’André Gide « familles, je vous hais ! », écrite dans « les nourritures terrestres », à la pièce de Bernard-Marie Koltès « le retour au désert ». L’intrigue est simple : Mathilde, exilée en Algérie rentre dans la maison familiale avec ses enfants Edouard et Fatima,  pour échapper à la guerre. Cette maison est occupée par son frère Adrien qui y vit avec son fils Mathieu et sa femme Marthe. Mathilde a reçu cette maison en héritage tandis qu’ Adrien recevait l’usine du père. Ces retrouvailles vont graduellemnt se transformer en cauchemar. Mathilde revient avec beaucoup de violence en elle et décide de déclarer la guerre à son frère mais aussi à cette province qui l’a fait souffrir. Adrien contient ausi beaucoup de violence en lui. Il n’hésite pas à gifler son fils à plusieurs reprises, dès le début de la pièce. Adrien a dénoncé sa soeur au préfet, à la fin de la seconde guerre mondiale, pour complaisance avec l’occupant. Mathilde fut tondue. Elle se venge en tondant le préfet de police. La violence revêt de nombreuses formes : paroles, disputes, gifles (Adrien frappe Mathieu mais aussi Mathilde,; Mathilde le frappe en retour, frappe sa femme Marthe). Le contexte de la guerre d’Algérie apporte son lot de violence avec l’explosion finale du café tenu par un algérien. Tous les personnages sont mauvais et s’en vantent. Adrien est prêt à laisser mourrir son fils dans l’attentat. Illustrons nos propos par une tirade de Mathilde, page 67 : « la vraie tare de nos vies, ce sont nos enfants; ils se conçoivent sans demander l’avis de personne, et, après, ils sont là, ils vous emmerdent toute la vie ». A la fin, Mathilde veut virer son frère de la maison, ce dernier veut la tuer. Une toute petite lumière tempère la noirceur : l’amour entre Fatima et Mathieu

Pascal Broutin