Dans la dernière livraison des grands dossiers des sciences humaines, n°54, de mars 2019, Marc Olano nous présente rapidement quelques théories d’Albert Bandura.
Psychologue, canadien, né en 1925, professeur émérite à l’université de Stanford, il est plutôt connu pour sa théorie de l’apprentissage social. A partir de sa propre expérience, il montre qu’un enfant issu d’un milieu modeste, vivant dans un hameau perdu, peut faire des études brillantes. Pour réussir, l’enfant doit bénéficier d’une ambiance propice aux expériences personnelles, d’une certaine liberté sous le regard bienveillant d’adultes, pour se forger ce qu’il nommera « le sentiment d’efficacité personnelle ».
« le postulat est simple : plus on croit en ses capacités à réussir sa tâche, plus on aura des chances d’aller au bout de celle-ci. Quatre facteurs sont susceptibles de renforcer ce sentiment d’efficacité personnelle : les expériences vécues (des réussites le fortifient, les échecs le minent), le modelage social ou apprentissage par imitation, la persuasion sociale (l’encouragement par les enseignants, les parents, les pairs), l’état psychologique et émotionnel (concentration, vivacité, sérénité…) ».
Il distingue ce sentiment d’autoefficacité avec l’estime de soi qui se fonde sur la croyance en sa valeur personnelle, tandis que le sentiment d’efficacité personnelle fait référence aux aptitudes. Un « mauvais » élève peut avoir une bonne estime de soi et inversement pour un bon élève.
Il applique sa méthode à des patients qui souffrent de phobies.
En tant qu’élève et enseignant, nous pouvons retenir de nombreux éléments de ses théories.
si les gens ne croient pas qu’ils peuvent obtenir les résultats qu’ils désirent grâce à leurs actes, ils ont bien peu de raison d’agir ou de persévérer face aux difficultés ». Quelqu’un avec un fort sentiment d’efficacité personnelle va plus facilement attribuer un échec à un manque de travail, alors qu’un élève avec un faible sentiment d’efficacité personnelle y verra davantage le signe de son incompétence. L’enseignant doit renforcer les croyances de l’élève en sa capacité à réussir. Pour cela, il pourra donner des feed-backs positifs qui tiennent compte de sa progression et non de la moyenne de la classe. Il pourra également proposer des sous-objectifs clairs, modestes et atteignables, par opposition à des objectifs lointains, vagues et parfois trop ambitieux. Il mettra l’élève en action ; en effet, l’élève doit apprendre par lui-même, construire ses compétences, savoirs et représentations. L’enseignant devient ainsi un facilitateur d’apprentissage, plutôt qu’un transmetteur de savoirs. On encouragera l’enfant à développer sa capacité d’apprendre par l’observation. En 1961, il met en place des expériences avec des enfants de maternelle qui observent le comportement d’un adulte envers une poupée gonflable. Dans le premier groupe, l’adulte se comporte de manière violente avec la poupée, dans l’autre, il joue simplement avec elle. Résultat : ceux du premier adoptent des attitudes beaucoup plus agressives que celles du deuxième.
A partir de ces résultats, Bandura va développer sa théorie du modelage. Les comportements violents des enfants se mettraient en place par observation et imitation. Bandura dénombre quatre étapes dans le processus d’apprentissage : l’attention, la représentation (construction du modèle interne à partir du comportement observé), la production du comportement, le renforcement vicariant (l’élève récompensé sera plus motivé)