a1Photographier l’humain

Avec le développement des techniques et en particulier la diminution des temps de pose, les photographes se sont intéressés aux populations des villes. Eugène Atget avait déjà photographié la2es métiers de Paris au cours de longues séances de pose. Mais, il faudra attendre les années 30 pour voir  se développer, particulièrement en France, un courant dénommé « la photographie humaniste » . Nous comptons, parmi les artistes, des noms célèbres comme Robert Doisneau, Henri-Cartier Bresson, Willy Ronis, Edouard Boubat…Ils photographient les hommes et les femmes au travail, mais aussi dans les cafés, les fêtes, dans leur déplacement. En 1957, Brassaï part pour les USA à la demande du magazine Holyday qui lui donne carte blanche pour photographier New York et la Nouvelle Orléans. Il arpente les rues de ces 2 villes saisit des instants de vie. Il est au milieu de la foule par opposition à son ouvrage « Paris la nuit » de 1933. A cette époque, il photographiait la ville lumière vidée a3de ses habitants, réfugiés dans les cafés. Ici, il se retourne et photographie. Il est au cœur du mouvement En 1962, le jeune américain de 24 ans , Joel Meyerowitz ,photographie en couleur les rues de New York alors que tout le monde à l’époque photographie encore en noir et blanc, car la couleur est jugée vulgaire et coûte cher. Il fige des instants de vie. Il ne connaît rien à la photographie n’a même pas un appareil. Il quitte brusquement son travail après avoir assisté à une séance de photographies dirigée par Robert Frank En 2011, il suit plus ou moins clandestinement le nettoyage de Ground Zero, après les attentats du 11 septembre. Pour plus d’informations, je vous renvoie au numéro 68 de M le magazine du Monde, en date du 5 janvier 2013. Chris Ma4arker, décédé récemment, dans sa série « passengers » photographie entre 2008 et 2010 le métro parisien.. Il débute cette activité en 2000 avec un appareil caché dans sa montre bracelet d’où le titre de sa série « quelle heure est-il ? ». toutes les photos sont prises à l’insu des passagers. Pris à leur insu, ils sont dans une sorte d’innocence. Pour Marker, il est difficile d’atteindre la vérité d’un être, si il sait qu’il est photographié. Pour lui, certaines femmes photographiée représente des personnages de tableau. Il a d’ailleurs créé 4 images sur lesquelles il a juxtaposé des portraits de maîtres. Certains photographes vont a5s’intéresser aux minorités comme les SDF. Marc Petitjean photographie les mutations du quartier des Halles à Paris, entre 1972 et 1994. Il cherche à mettre en évidence le travail du temps sur les hommes et la ville. La rénovation de ce quartier va chasser une certaine population modeste pour y loger une population plus aisée. Dans sa série « preuves ordinaires » en 2006, il s’intéresse aux SDF car, pour lui, on ne lea6s regarde pas. Il veut montrer ceux qu’on ignore. Il ne fait pas poser, il prend ses photos en plongée rapide. De son côté, Bruce Davidson nous plonge, dans sa série « 100è Rue » au cœur de East-Harlem à NY entre 1966 et 1968, à l’époque où le quartier est totalement déshérité. David Goldblatt pose aussi un regard militant sur les horreurs de l’Apartheid en Afrique du Sud.

Photographier l’architecture :

D’autres photographes ont concentré leur attention sur l’architecture, sur la ville en tant que construction plastique, plutôt que sur les hommes. Le courant pictorialiste va accompagner l’émergence des grandes villes et en particulier celle de  New York. Alfred Stieglitz et sa revue « Camera work », a8Eugène Steichenvont prendre des photos des nouveaux buildings comme le fameux Flat iron. Ces photographies, proches de la peinture vont célébrer l’urbanisation. Un siècle plus tard, Michel Setboun : ancien architecte, poursuit cette tradition en se rendant régulièrement à New York. C’est un paradis pour photographier. Il perd ses repères dans cette ville géométrique. Les gratte-ciel immenses jouent avec les rayons du soleil. Dans sa série « New York dans un miroir. » Il arpente New York la tête en l’air. Vous pouvez admirer son travail sur son site personnel D’autres photographes vont témoigner de la destrua9ction de la ville, en particulier tout au long des guerres du XXème siècle.  Frank Capa photographie Berlin et Naples en 1945, Gabriele Basilico Beyrouth, ville fantomatique criblée de balles. Actuellement, nous voyons poindre un autre courant, qui dénonce la mondialisation, la globalisation et donc l’uniformisation des villes. Nous pouvons citer, entre autres, Stéphane CouturierAndreas Gursky et Thomas Struth. Terminons de manière anecdotique, en évoquant Frédéric Delangle qui nous propose dans la revue l’architecture d’aujourd’hui 393, en date de janvier 2013, un reportage sur les petites boutiques en Inde  et Filip Dujardin qui photographie des maisons qui n’existent pas ; ce belge revendique des références surréalistes comme René Magritte ou Raoul Servais. Pour ses photographies, il colle des bouts de bâtiments réels pour en construire d’autres qui cassent les codes de l’architecture et incorporent des volumes en trompe-l’œil. Enfin, n’oublions pas les clichés, pris par des millions d’anonymes et qui envahissent la toile via les réseaux sociaux. Vous trouverez des illustrations de mon propos dans la webographie consacrée à la photographie, au niveau de la barre de droite du blog.
Pascal Broutin

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