b1Dans le domaine de l’art contemporain, j’aimerais vous signaler l’achat de plusieurs numéros de la revue « Dits »,proposée par le Musée des Arts Contemporains de la Communauté française de Belgique ou pour faire plus simple le MAC’s Grand Hornu de Mons. Chaque numéro aborde un thème bien particulier. Pêle-mêle, nous trouvons un numéro sur le rock, la répétition, la poésie, l’ethnographie, les médias, dépeindre, le gesteb2, troubles ?, dandy, familles… La revue vise à aborder ces différentes notions à travers des disciplines comme l’art contemporain, le cinéma, le théâtre la danse, mais aussi la littérature, les arts en général. Dans les derniers numéros, les journalistes s’amusent à discourir à partir de citations. Citons, par exemple, « peut être le lait du miroir n’est-il pas bon à boire ? » de Lewis Caroll.

Dans le domaine du graphisme, signalons tout d’abord une « anthologie du graphisme », sous-titrée « le guide de référence des pratiques et de l’histoire du graphisme ». L’ouvrage, écrit par Bryony Gomez Palacio et Armin Vit est publié aux éditions Pyramyd. Le livre se découpe en 4 parties : les principes du graphisme, de la typographie et de l’imprimerie, les savoirs, les figures et la pratique. Les auteurs proposent de nombreux exemples de graphistes, Puis, nous avons acheté deux ouvrages sur le street art. Le premier de Woshe s’intitule « Alphabeatz ». Après une petite approche historique du writing à Philadelphie en 1965 et à New York en 1967, l’auteur s’intéresse au design des lettres. Pour chaque lettre de l’alphabet, il présente le style de plusieurs grapheurs. De leur côté, Samantha Longhi et Nicolas Chenus s’interrogent sur l’entrée des writers dans les musées. Dans leur ouvrage, « Paris de la rue à la galerie », publié chez Pyramyd, ils nous présentent 35 artistes qui sont passés de la rue au musée. Nous retrouvons des noms célèbres comme JR, C215, Trbdsgn, Jef Aérosol, Invader… Nous nous sommes b3aussi procuré le livre de Ludiovic Houplain « logobook », publié chez Taschen. Il répertorie l’ensemble des logos présents dans le petit film d’animation « Logorama ». Les règles du jeu de la création typogra­phique ont changé à l’ère numérique. Le designer anglais Paul Barnes nous propose d’examiner un de ses projets ambitieux Marian, dans un ouvrage intitulé « Marian : une collection de revivals », sorti aux éditions Ypsilion. Il est exemplaire d’une approche «reviva­liste» devenue aujourd’hui rhizo­ma­tique et atempo­relle, plutôt que linéaire et respec­tueuse de la chrono­logie cob4mme elle le fut durant la majeure partie du XXe siècle. À travers Marian, collec­tion composée de neuf carac­tères (romain et italique) destinés au titrage et à l’édition, Barnes rend hommage aux maîtres anciens qui l’ont inspiré (Granjon, Fournier, Basker­ville, Bodoni…) tout en renou­ve­lant le principe de fidélité à la référence origi­nale. Il décrit quels sont les moyens pour y parvenir d’une façon inédite, grâce aux possi­bi­lités techno­lo­giques contem­po­raines et à un concept audacieux : la réduc­tion du carac­tère à une struc­ture monoli­néaire, minimale. Un point de vue moder­niste, au sens large du terme, a été privi­légié pour dégager l’essentialité de la forme sans la priver de sa perti­nence histo­rique et de ses qualités originelles. Fermons la parenthèse graphisme, avec un ouvrage pour la jeunesse « le dictionnaire fou du corps » de Katy Couprie qui se distingue par les qualités et la diversité de ses illustrations. L’auteure s’amuse entre sérieux et humour. Elle transforme le genre dictionnaire en poésie

En architecture, signalons, tout d’abord, une monographie sur le baron Haussmann, publiée chez Actes sud, intitulée « Haussmann conservateur de Paris ». Elle est signée Françoise Choay et Vincent Sainte Marie Gauthier. Les auteurs montrent comment le baron a métamorphosé Paris entre 1853 et 1870 d’un point de vue spatial mais aussi d’un point de vue social. Chez le même éditeur, Patrick Bouchain rend hommage aux architectes Simone et Lucien Kroll, dans un livre intitulé « Simone & Lucien Kroll : une architecture habitée ». Enfin, aux éditions Parenthèses, Isabelle Berthet-Bondet nous montre l’intérieur de 20 maisons japonaises traditionnelles dans un ouvrage intitulé « 20 maisons nippones : un art d’habiter les petits espaces ». Quelques japonais ont réussi à créer sur des parcelles exiguës des espaces de vie riches et variés, entre dedans et dehors, entre intimité et ouverture sur la ville. Nous effectuons un véritable voyage dans l’art d’habiter mais aussi dans celui de méditer. Pour remettre les pendules à l’heure en précisant un certain nombre de termes, nous vous invitons à consulter le « glossaire du designer » de Vincent Bécheau et de Marie-Laure Bourgeois, paru aux éditions Le bord de l’eau.b6

b5Nous complétons notre matériauthèque avec l’achat de 2 ouvrages techniques. Le premier s’intitule « textiles : techniques et fonctionnels : matériaux du XXe siècle » et est publié chez IAC. Il s’intéresse aux textiles d’aujourd’hui, mais surtout à ceux de demain. Il propose une approche par secteur d’activité : transports,  santé,  sport, agrotextiles, géotextiles et environnement, électronique, vie quotidienne… Le second, publié chez Dunod sous le titre « aide-mémoire : textiles techniques » est signé Daniel Weidman. Il détaille les technologies employées pour la production et la transformation des textures textiles destinées à l’habillement mais aussi aux textiles techniques. Une fiche récapitule pour chaque matière textile les propriétés, les techniques d’obtention, les secteurs d’utilisation, les traitements d’ennoblissement et d’apprêt. Un focus tout particulier est porté sur les textiles aux propriétés nouvelles.

Terminons provisoirement avec quatre ouvrages très théoriques. Georges Didi-Hubermann, à la manière d’Aby Warburg revient sur le corps féminin associé à la draperie. Il revisite ce thème en faisant se rencontrer un certain nombre d’œuvres. On se rend compte comment notre présent plonge ses racines dans un passé très lointain. Comme Warburg, il nomme la figure, qu’il étudie « Ninfa ». L’ouvrage s’intitule « Ninfa moderna : essai sur le drap tombé » et est publié aux éditions Gallimard. Le même éditeur propose un essai sur le photographe Laszlo Moholy-Nagy, intitulé « peinture, photographie, film et autres récits sur la photographie ». Artiste polyvalent, peintre photographe, cinématographe, mais aussi enseignant au Bauhaus entre les deux guerres, Moholy-Nagy nous invite à rapprocher l’art de notre vie et réciproquement. Il réaffirme sans cesse le potentiel créateur de chaque individu. Il veut participer à l’avènement d’un homme total, un homme nouveau rationnel mais aussi sensible affectif et créatif. De son côté, Thierry Paquot publie aux éditions Bourin « éloge du luxe : de l’utilité de l’inutile ». N’ayant pas encore lu l’ouvrage, je vous en propose une critique pab9rue sur le site de France Culture : «  quelle perception avons-nous du luxe et quelle est sa place, réelle ou fantasmée, dans notre société de consommation ? Thierry Paquot se demande si la « démocratisation » récente du luxe n’en change pas profondément la signification. La possibilité d’acquérir ce qui semblait naguère inabordable ne modifie-t-elle pas notre rapport aux « choses » et à leur accumulation ? Le consommateur moderne hiérarchise différemment son appréciation de ce qui lui est ou non « utile ». Il sait au fond de lui que le prix étiqueté d’un bien ou d’un service ne b8correspond pas à la valeur qu’il lui attribue, et confère à l’inutile une place de choix. Dans cet Eloge du luxe, l’auteur nous propose un art de vivre qui bouleverse les habituels calculs économiques et réconcilie l’individu avec lui-même. « Être soi », n’est-ce pas le véritable luxe dans la société d’aujourd’hui ? ». Enfin, terminons avec le livre de Régis Debray « le stupéfiant image », publié chez Gallimard dont voici la quatrième de couverture : « Nous vivons le temps des images, et c’est accroître ses plaisirs que de s’en donner l’intelligence. En relatant comment il a lui-même appris à ouvrir les yeux, dans les grottes ornées comme dans nos salles de musée, l’auteur, idolâtre heureux et qui ne se repent pas, entend contribuer au bon usage du «stupéfiant image». Mais l’énigme qu’il interroge tout au long de ce recueil de témoignages et de réflexions, c’est celle du temps immobile. Il est des images fixes que l’on peut dater par leur style ou leur technique, mais dont nous demeurons étonnamment contemporains. Les archives visuelles des civilisations éteintes restent vivantes en sorte qu’elles auraient bien tort de se croire mortelles. Les dieux et les idées meurent, non leurs statues ni leurs figures. Et les félins de la grotte Chauvet (– 35 000) n’ont pas d’âge, pas plus que nos plus belles photos de stars.
C’est à ce voyage à la fois dans et hors du temps que nous convie cette chronique des idoles d’hier et d’aujourd’hui, où la chronologie, enfin, ne fait pas loi. ».

Pascal Broutin