Rénover, reconstruire, réinventer, recomposer, réinterpréter, réutiliser, restaurer, recréer, ré-intervenir... la multiplicité des termes montrent la complexité de la notion de réhabilitation.

Ce qui relie tous ces termes c’est le préfixe « ré »ou « re», selon les cas, qui revêt lui aussi de nombreuses valeurs. J’en retiendrais deux principalement, mais vous pouvez vous intéresser à d’autres aspects. La première indique un retour à un point de départ et donc un lien fort avec la mémoire. Le deuxième désigne plutôt une augmentation.

Dit autrement, la mémoire nourrit notre créativité. Elle nous amène à transformer une gare, une centrale électrique ou une piscine en musée (Musée d’Orsay de Paris, la Tate Modern de Londres ou le Musée de la Piscine de Roubaix) ou à produire de nouveaux objets, vêtements, typographies bâtiments… en faisant un clin d’œil au passé. Il s’agit de recréer plutôt que de refaire. Cela suppose la notion d’augmentation. D’ailleurs, de nombreuses réhabilitations riment avec extension et non préservation du patrimoine. Il ne s’agit pas de reconstruire à l’identique, comme le préconisaient pendant longtemps les monuments historiques.

Certes, comme le note Catherine Sabbah dans le numéro 407 de la revue Architecture d’aujourd’hui, consacré à la réhabilitation, l’architecte ne part pas d’une page blanche mais plutôt d’un palimpseste. « Le palimpseste est un manuscrit constitué d’un parchemin déjà utilisé dont on a fait disparaître les inscriptions pour pouvoir y écrire de nouveau » (Wikipédia).

Pour un bâtiment, il part forcément d’un lieu, d’un quartier, d’un bâtiment ancien qu’il va garder ou pas.

Même quand la volonté cherche à refaire à l’identique le résultat ne l’est jamais : les matériaux, la manière de les extraire ou de les utiliser, les systèmes constructifs, les normes et les usages diffèrent.

La tâche de réhabilitation est complexe car il faut tenir compte du passé, de la mémoire. Il faut par exemple ausculter le bâtiment, comprendre sa structure pour la transformer sans causer des dommages, dans le futur. « Il faut respecter ses prédécesseurs tout en apposant sa signature » (Catherine Sabbah, citée auparavant).

En effet, on vous demande surtout d’être créatifs. Il faut se montrer inventif, ingénieux.

Pascal Broutin