a1Nos regards se sont tournés vers Marseille qui est capitale européenne pour toute l’année 2013. Toute la presse en parle. Par exemple, le dossier du numéro de Géo de février 2013 a pour titre « la métamorphose de Marseille ou comment la plus vieille ville de France devient la capitale culturelle européenne ». Nous allons, dans un premier temps, nous intéresser à cette ville à travers le prisme de Jean-Claude Izzo. Né en 1945, mort en 2000, ce journaliste est devenue tardivement écrivain. On lui doit  des poèmes, deux livres sur les SDF, mais surtout trois romans policiers, publiés à la série noire :  Total Khéops, Chourmo et Sa2olea. Son héros, le commissaire Fabio Montale, bon vivant de gauche vit et arpente Marseille et ses calanques. La ville devient au fil des pages le deuxième héros de sa trilogie, comme nous le montre l’extrait de la 4èmede couverture de son livre : « des quartiers nord aux ruelles du Panier, des quais du Vieux Port aux calanques les plus reculées des bords de mer, Fabio Montale en sait tellement sur Marseille qu’il sent battre en lui les pulsations de la ville. Flic déclassé, fils d’immigrés appréciant les poètes, le jazz, la pêche et les femmes, il est, à l’image de cette ville tant aimée, un homme sensible dont le passé parfois douloureux resurgit au fil des enquêtes… » Le Panier est le quartier de sesparents,quartier de son enfance mais aussi: quartier multiculturel, quartier du milieu et des bas-fonds. Les descriptions sont précises au point que de nombreux touristes sillonnent la ville sur les traces de Montale. Le prologue  de Total Khéops, intitulé « rue des Pistoles vingt ans après » est tout à fait éclairant : « le taxi refusa de s’engager dans les ruelles. Il le déposa devant la Montée-des-Accoules. Plus d’une centaine de marches à gravir et un dédale de rues jusqu’à la rue des Pistoles. Le sol était jonché de sacs d’ordures éventrés et il s’élevait des rues une odeur âcre, mélange de pisse, d’humidité et de moisi. Seul grand changement, la rénovation avait gagné le quaa3rtier. Des maisons avaient été démolies. Les façades des autres étaient repeintes, en ocre et rose, avec des persiennes vertes ou bleues, à l’italienne. De la rue des Pistoles, peut être l’une des plus étroites, il n’en restait plus que la moitié, le côté pair. L’autre avait été rasée, ainsi que les maisons de la rue Rodillat. A leur place, un parking. C’est ce qu’il vit en premier, en débouchant à l’angle de la rue du Refuge. Ici, les promoteurs semblaient avoir fait une pause. Les maisons étaient noirâtres, lépreuses, rongées par une végétation d’égout. ». Avec un GPS ou Google maps vous pouvez suivre les déplacements du commissaire.. On peut comparer le travail d’Izzo à celui de Marcel Pagnol. Il redonne aux marseillais une image humaniste de leur ville, élégante qui plait aux habitants, à une époque où la ville est plombée par les problèmes de chômage, de crise. La Marseille, qu’il décrit, n’est pas contemporaine au moment de l’écriture. Elle a un petit relent suranné, qui correspond plus à l’atmosphère de la série noire. Comme Raymond Chandler pour Los Angeles, il réinvente Marseille. Mais, ce Marseille plait à ses habitants d’où son succès auprès des lecteurs.

Pascal Broutin